Publié le : 17/05/2019 11:41:33
Si vous possédez un buis dans votre jardin ou sur votre balcon, il y a une forte probabilité que vous ayez à le défendre prochainement des attaques de la Pyrale du buis.
La Pyrale du buis, de son nom scientifique Cydalyma perspectalis, est un papillon de nuit originaire d’Asie.
Il est arrivé en Europe au début du XXIe siècle par le jeu des échanges commerciaux internationaux. Depuis 10 ans il est entré en France et étend rapidement son territoire. Le papillon est actif uniquement la nuit. Au repos ses ailes forment un losange d’environ 4 cm de large, de couleur blanc nacré bordé de brun.
Comme tous les papillons, la Pyrale pond ses œufs sur sa plante préférée et les chenilles qui vont en sortir se nourriront du feuillage. Cette espèce invasive est particulièrement virulente et s’attaque uniquement aux buis.
Pour lutter efficacement contre un ravageur, il faut commencer par bien comprendre son cycle de vie. Comme tous les papillons, la Pyrale du buis passe par 4 formes différentes au cours de ce cycle :
Durant l’hiver la Pyrale se maintient en vie sous la forme d’une petite chenille protégée du froid dans son cocon de soie blanche et de feuilles recroquevillées.
Aux environs du mois de mars, la remontée des températures incitent les petites chenilles à sortir de leur cocon et à reprendre leur activité principale : se nourrir.
Les chenilles de la Pyrale asiatique s’attaquent exclusivement au feuillage et aux bourgeons du buis. Elles sont facilement reconnaissables à leur tête noir brillante, leur corps vert clair ligné de vert foncé et parsemé de petites verrues noires. Leur corps poilu n’est pas urticant. Du matin au soir, les chenilles dévorent méthodiquement toutes les feuilles, bourgeons et jeunes pousses.
Le nombre de chenilles présentes sur un buis est tellement important, qu’en quelques jours celui-ci est rendu à l’état de squelette végétal. Épuisé, il meurt rapidement.
Les repas gargantuesques auxquels se livrent les chenilles, leur permettent de croître rapidement pour atteindre la taille de 4 cm de long. Aux pieds des buis, on repère très facilement les centaines de déjections des chenilles. Leur croissance terminée, les chenilles vont se fixer sur une tige, tisser autour d’elles un cocon de soie et de feuilles, pour entrer en nymphose.
Cette transformation de la chenille en papillon dure environ 2 à 3 semaines, mais le papillon attendra les conditions idéales de température et d’humidité pour s’extraire de son cocon et prendre son envol.
Dès la première nuit, le papillon va chercher à se reproduire, puis à pondre ses œufs au revers des feuilles de buis. Une semaine plus tard, les œufs éclosent et les petites chenilles commencent leur invasion de l’arbuste. Ce cycle peut se reproduire 2 à 3 fois sur une année. La vigilance doit donc être soutenue durant de long mois.
L’invasion de cet insecte exotique a été très rapide, à l’échelle de la capacité d’adaptation de notre écosystème. Par prudence, les prédateurs habituels des papillons et chenilles ne s’attaquent pas spontanément à la Pyrale du buis qu’ils ne connaissent pas. C’est ainsi qu’au début de l’invasion, seul le frelon asiatique s’attaquait aux jeunes chenilles.
Depuis quelques temps on a pu observer des moineaux et des mésanges qui commencent à goûter à ces chenilles exotiques.
La présence des soies tendues entre les rameaux de buis serrés ne facilite pas la capture des chenilles par les oiseaux. D’autre part, la prise de conscience par les oiseaux de cette nouvelle source de nourriture est lente. En attendant que notre écosystème retrouve un équilibre en incluant ce nouveau ravageur, il faut aider la nature à sauvegarder les buis.
La meilleure façon d’éviter l’invasion des chenilles est de capturer les adultes avant qu’ils ne pondent. Pour cela, je conseille le piège à papillons polyvalent. Biologique et sélectif il permet de piéger les papillons mâles adultes de la Pyrale sans détruire d’autres insectes.
Un petit panier contenant l’appât de phéromone est suspendu au-dessus d’une cuve contenant un liquide dans lequel les papillons mâles vont se noyer.
Pour une protection optimale, il faut placer le piège d’avril à octobre. Un seul appât de phéromones est nécessaire pour toute la saison.
Ce type de piège sélectif est idéal dans le cadre d’une lutte biologique raisonnée. Il s’accompagne d’une surveillance accrue des buis, et l’utilisation des méthodes de lutte contre l’envahissement des chenilles si nécessaire.
Afin d’accélérer l’apprentissage des oiseaux, jetez sans excès aux pieds de vos buis un mélange de graines pour oiseaux du ciel. Ils prendront l’habitude de s’approcher des buis et seront tentés de goûter aux chenilles de la Pyrale du buis.