Publié le : 29/03/2019 16:21:31
Avec l’arrivée des beaux jours et la montée de sève il est temps d’effectuer le greffage des pommiers et poiriers. Voici une méthode simple de greffage dite « à l’anglaise » qui vous permettra de réaliser des greffes de pommiers et poiriers.
(Pour connaitre la signification de certains termes techniques, consultez le lexique en bas de page).
La sélection de variétés fruitières aux qualités exceptionnelles se fait par le croisement sexué de fleurs, puis la sélection progressive des sujets issus de cette hybridation. Malheureusement les variétés donnant de beaux et bons fruits sont souvent peu vigoureuses et ne se plaisent pas dans tous les sols.
La technique du greffage consiste donc à prélever un rameau d’un arbre donnant des fruits de bonne qualité pour « remplacer » la tête d’un arbuste, appelé porte-greffe, qui est reconnu pour sa vigueur et sa capacité à s’adapter à un type de sol particulier. On obtient donc finalement un arbre ayant les qualités du greffon (grosseur du fruit, qualité gustative du fruit, qualités sanitaires de la variété, résistance aux maladies …) et la vigueur du porte-greffe (facilité d’adaptation dans son milieu de culture, nombre de fruits générés, croissance vigoureuse ou non, rapidité de mise à fruits, résistance aux maladies…).
De nombreux porte-greffes existent et sont utilisés en arboriculture fruitière. Je ne citerai ici que quelques-uns des plus courants. Attention les porte-greffes sont de natures différentes si l'on veut greffer du pommier ou du poirier.
Les arbustes qui serviront de porte-greffe sont donc cultivés en pépinière jusqu’à ce que leur tronc ait atteint le diamètre d’un crayon de bois. Ils sont alors « arrachés » début mars pour être « greffés sur table » très rapidement derrière, profitant du fait que la montée de sève débute à cette période.
Les rameaux qui serviront de greffons sont coupés en décembre et janvier (au cours du repos hivernal des arbres) sur des arbres dans le verger puis réunis en botte et étiquetés par variété. Ils sont ensuite conservés « en pépinière », dans un endroit frais et humide du jardin, idéalement orienté au Nord, en attendant le début du mois de mars pour la séance de greffage sur table.
Avant de commencer la pratique du greffage, il convient de comprendre un minimum de biologie végétale.
Lorsque l’on observe la coupe en biseau d’une branche on peut distinguer assez facilement par leurs couleurs, différentes couches de cellules végétales.
A l’extérieur se trouve l’écorce, légèrement brune ; puis dessous on distingue une couche de cellules vertes appelée cambium ; et enfin on voit une partie blanc crème qui forme le cœur de bois.
Ce sont ces deux couches de cellules qui feront l’objet de toute notre attention durant le greffage, car la phloème apporte la sève riche d’élément nutritifs et le cambium à la capacité de cicatriser les blessures.
Pour réussir une greffe, il faudra donc mettre en contact les parties vertes du porte-greffe et du greffon, afin que phloème et cambium soudent les deux parties de la greffe.
Il doit être propre et bien affûté. De nombreux modèles de sécateurs sont disponibles sur le site. En optant pour un modèle dont les pièces détachées sont vendues séparément, vous vous assurez un bon achat dans la durée.
C’est un outil indispensable à la bonne réalisation d’une greffe. Il en existe pour tous les budgets, avec des formes adaptées à certains types de greffe, ou au contraire à usages multiples. La lame du greffoir n’est généralement biseautée que d’un seul côté. Des versions pour gauchers existent donc pour travailler dans le plus grand confort.
Si les « pros » n’hésiteront à s’acheter un greffoir de la gamme Tina de grande qualité, je conseille cependant aux amateurs d’investir dans un modèle d’entrée de gamme pour commencer. Le greffoir fruitier DB211 de la marque Du Buoi ou le greffoir P11 Pradines de la marque Bahco, sont d’excellents outils permettant de réaliser différents types de greffes.
Attention un greffoir doit couper comme une lame de rasoir pour réaliser des coupes propres et nettes. Il faut donc régulièrement l’affûter sur une pierre à aiguiser et prendre garde aux coupures dues aux gestes mal contrôlés.
Indispensable pour avoir un greffoir parfaitement affûté. Je vous recommande une pierre à affûter à deux grains qui vous permettra de rattraper un défaut de la lame puis d’obtenir un tranchant parfait. Voir la pierre à affûter Combiness de Bahco.
Ces liens en caoutchouc permettront de fixer la greffe tout en gardant la souplesse nécessaire à la croissance de l’arbuste.
Voir les liens Flexiband.
Présenté sous forme de petites perles à faire fondre, il est facile de doser son besoin. Il assurera l’étanchéité de la greffe pour une reprise optimale.
Voir le mastic à greffer à chauffer.
Ils sont extraits de pépinière la veille. Les racines nues sont maintenues humides dans un sac afin de conserver toute leur fraîcheur.
Prélevés sur les arbres au verger au cours des mois de décembre et janvier, ils sont réunis en bottes et immédiatement étiquetés. Chaque rameau pourra fournir, suivant ses dimensions, 1 à 3 greffons. On supprime les 10 cm du bas du rameau. Dans la partie restante, on coupe à l’aide du sécateur un greffon comportant 3 bourgeons. Les coupes sont faites en biais à au moins 1 cm de distance des bourgeons. Pour que les parties vertes (phloème et cambium) du greffon et du porte-greffe se rencontrent bien au moment de la greffe, il faut prélever un greffon d’un diamètre plus ou moins équivalent au tronc du porte-greffe.
Afin de ne pas confondre les différentes variétés de porte-greffes ainsi que les différentes variétés fruitières que vous avez sélectionné, il est indispensable de les étiqueter soigneusement à chaque étape du greffage. Des étiquettes à boucle feront parfaitement l’affaire.
Comme son nom l’indique, son principe est très simple.
Choisissez un « rameau fruitier » et un porte greffe plus ou moins de même diamètre.
A l’aide du sécateur, supprimez les premiers centimètres du bas et du haut du « rameau fruitier », pour ne garder que la partie la plus fraîche et apte au greffage.
Suivant la longueur du « rameau fruitier », vous pourrez ensuite prélever un ou plusieurs greffons d’environ 20 cm, portant 3 bourgeons latéraux.
Prenez un premier greffon, et à l’aide du greffoir coupez en biseau sa partie basse sur 1,5 à 2 cm. Le greffon est ainsi prêt.
A présent, prenez en main le jeune arbuste porte greffe et coupez-le de la même manière, en biseau, à une vingtaine de cm au-dessus des premières racines.
Attention, les biseaux doivent être réalisés en une coupe franche et bien plate afin qu’il n’y ait pas d’espace vide entre ceux-ci lors de la mise en contact.
Présentez maintenant le greffon face au porte-greffe, de manière à faire coïncider les parties vertes des deux biseaux (cambium).
Liez les deux parties à l’aide d’une bandelette élastique Flexiband. La Flexiband doit être suffisamment serrée et nouée pour maintenir les deux parties en contact.
Enfin, pour éviter le passage de l’air et d’éventuels agents infectieux, plongez la greffe dans le mastic à greffer que vous aurez fait fondre préalablement au bain marie. Le mastic doit bien couvrir la greffe, le lien Flexiband. Les bourgeons du greffon éclateront le mastic lors de leur croissance.
Etiquetez bien votre jeune plant au nom de la variété, puis il sera prêt à être replanté en pépinière.
Après avoir réalisé les biseaux comme précédemment et afin d’assurer une bonne cohérence entre greffon et porte-greffe, les deux biseaux sont fendus verticalement sur 1,5 à 2 cm à 1/3 de distance de la pointe.
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Le greffon et le porte-greffe pourront être ainsi imbriqués l’un dans l’autre, avant d’être liés et protégés par du mastic à greffer.
L'imbrication du greffon dans le porte greffe donne immédiatement plus de solidité à la greffe.
Le mastic est posé sur le lien Flexiband pour bien rendre étanche la greffe, ainsi que sur l'extrémité du greffon.
Cette deuxième technique de greffe demande un peu plus de dextérité. Il convient de s’exercer sur des rameaux de bois avant de se lancer.
A l’issue de la séance de greffage, les arbustes greffés sont plantés en pépinière, idéalement à la mi-ombre. Avant de planter ces jeunes plants, raccourcissez les extrémités des racines à 20 cm de long pour favoriser la pousse d’un beau chevelu racinaire.
Le point de greffe doit toujours être maintenu hors de terre, pour que les greffons ne développent pas leurs propres racines au contact de la terre. A l’inverse, il faudra supprimer toute tentative de développement de pousses du porte-greffe au-dessous du point de greffe.
Durant les mois qui suivent, veillez à ce que les jeunes plants greffés ne manquent pas d’eau.
Lorsque les bourgeons du greffon auront commencé à se développer, conservez le plus beau et supprimez les autres.
Cambium : située sous l’écorce et le phloème, cette fine couche de cellules primordiales, a la capacité de se transformer en tous types de tissus. Elle permet notamment une reconstruction des vaisseaux de sève du phloème, lors de la greffe et une cicatrisation rapide de l’écorce.
Greffage sur table : c’est une technique de greffage de jeunes plants à racines nues, réalisée sous abris. Cette pratique permet de greffer de grandes quantités d’arbres en peu de temps sans subir les contraintes climatiques.
Greffoir : c’est un petit couteau horticole à lame très tranchante, adapté à la pratique du greffage et du bouturage. Il en existe de différentes formes et tailles, adaptées plus particulièrement à une technique de greffage ou une autre mais aussi aux gauchers comme aux droitiers.
Greffon : dans le cas présent, il s’agit d’une portion de rameau lignifié, prélevée sur les branches d’un arbre fruitier reconnu pour les qualités de sa production. Le greffon est destiné à être « soudé » à l’extrémité d’un porte-greffe qui lui transmettra sa vigueur.
Morfil : petite barbe de métal qui se forme le long du fil de la lame lors de l’aiguisage. Le morfil doit être patiemment supprimé par des allers et retours sur la pierre à aiguiser, afin d’avoir un tranchant parfait.
Phloème : située sous l’écorce, le phloème est cette couche de cellules qui constitue le réseau de sève chargée des éléments nutritifs produits par le feuillage.
Plantation « en pépinière » : expression horticole signifiant une plantation provisoire dans un lieu propice au développement des jeunes arbres, ou le temps que ceux-ci se remettent d’une intervention comme le greffage.
Point de greffe : c’est le point de cicatrisation entre le greffon et le porte-greffe. Il forme souvent un bourrelet facilement repérable sur l’arbre.
Porte-greffe : jeune arbre dont la vigueur et la capacité d’adaptation au sol sont transmis à une variété fruitière, par l’intermédiaire du greffage au niveau de son tronc.
Je remercie monsieur Jean-Michel Dambrine, président de l’association des Croqueurs de Pommes du Nord de la France et de la Belgique, pour ses précieux conseils et sa disponibilité, ainsi que « La fraternité ouvrière de Mouscron » pour leur accueil lors de leur séance de démonstration de greffage.
Chevalier denisjchevalier@aol.com
20/09/2020 21:20:37
Bonsoir Désolé mais la flèche indique le Liber et non pas le cambium.